Partagé dans un post Facebook, un article affirmant que le port de masque facial présente un sérieux risque pour la santé est captieux.
L’article, relayé par plusieurs comptes Facebook, s’inspire d’une étude réalisée par le neurochirurgien à la retraite, Russell Blaylock. L’étude avance qu’en portant un masque, les virus exhalés ne pourront pas s’échapper et se concentreront dans les voies nasales, pénétreront dans les nerfs olfactifs, pour ensuite transiter vers le cerveau.
D’après les évaluations des pairs recueillies, l’étude scientifique publiée dans la revue Blaylock Wellness Report manque de preuves scientifiques tangibles et irréfutables d’une part, et d’autre part, elle manque carrément d’objectivité.
« Dire aux populations de ne pas porter de masque dans cette période de pandémie parce qu’il présenterait des effets néfastes en s’appuyant sur une étude dont la méthodologie n’est pas rigoureuse, c’est aussi dire aux gens de ne pas mettre des préservatifs pour se protéger contre le VIH », lance au cours d’une interview accordée à PesaCheck, le neurobiologiste Youssoufa Maïga, chef de service neurologie de l’hôpital Gabriel Touré de Bamako. Celui-ci remet spécialement en cause la méthodologie de la recherche, qu’il qualifie de non rigoureuse.
L’infectiologue Yacouba Cissoko de l’hôpital du point G de Bamako trouve quant à lui absurde, le fait de dire qu’une personne atteinte de COVID-19 sera infectée par le même virus. Il explique notamment que « si quelqu’un expire le virus, c’est bien parce qu’il est déjà infecté. Donc la propagation de l’infection dépendra de la manière dont le système immunitaire du patient combat l’infection et non de l’inhalation de particules virales qu’il avait exhalées ».
Dans la même lancée, Jonathan Karn, directeur du groupe de travail Cleveland COVID, fait état de l’erreur de l’auteur lorsque celui-ci affirme que le virus se retrouve piégé dans le masque avant de se concentrer dans les voies nasales.
Le directeur du centre LaMontagne pour les maladies infectieuses à l’université du Texas à Austin, Shelley Payne, relève également une errance dans l’article. L’intéressé a en effet déclaré à l’Agence française de presse (AFP) l’affirmation qu’in fine, l’auteur n’a pas abouti à une relation concluante entre l’utilisation d’un masque ou d’un respirateur et la protection contre l’infection grippale.
Russell Blaylock expose dans son étude que les virus, concentrés dans les voies nasales, ont accès au cerveau en pénétrant dans les nerfs olfactifs.
Une étude portée sur les virus à ARN (acide ribonucléique) encore appelés ribovirus, dirigée par Daniel Gonzalez Dunia montre effectivement que certains virus peuvent infecter les neurones du cerveau sans les détruire, mais en perturbant leur fonctionnement normal.
Dans le cas du Sars-CoV-2 qui fait partie des ribovirus, Daniel Gonzalez soutient toutefois dans un article publié dans la revue Science-et-vie que « la présence du virus de la COVID-19 dans le cerveau est très difficile à mettre en évidence », admettant qu’il n’y aura pas d’autre choix que d’effectuer des analyses post-mortem.
« S’il y a bien infection, on ne pense pas que ce virus puisse persister longtemps dans le cerveau, à la différence de la rougeole », rassure néanmoins le chercheur; ce qui bat littéralement en brèche, les arguments de Russell Blaylock.
Bien qu’elle recommande le port du masque parmi les mesures barrières, pour l’Organisation mondiale de la santé, il n’y a actuellement aucune preuve que les personnes en bonne santé munies d’un masque facial soient complètement exemptes de tout risque de contamination par des virus respiratoires, y compris le Sars-CoV-2. L’infographie ci-dessous illustre que le masque de type FFP2 apporte le niveau maximum de protection, estimé à plus de 95%...lire la suite sur PesaCheck