Les forces de l’ordre ont-elles permis à des hommes armés de machettes et d’autres armes blanches d’attaquer des protestataires lors des manifestations contre la candidature d’Alassane Ouattara à un troisième mandat ?
C’est ce qu’affirme Amnesty International dans un rapport publié le 18 août en français et en anglais. L’organisation de défense des droits de l’Homme s’appuie sur un témoignage exclusif d’un policier qui était sur le terrain et de plusieurs autres habitants du quartier de Yopougon. Selon ces derniers, des minibus appelés “gbaka” transportant des jeunes armés de machettes auraient aidé les forces de sécurité à disperser les manifestants, le jeudi 13 août.
Ce jour-là, des manifestations sporadiques se déroulaient à divers points chauds du quartier Yopougon comme Sicogi, Niangon, Sideci ou encore vers le palais de justice. Les protestataires avaient barricadé les voies publiques avec du bois et brûlé des pneus. Un important dispositif militaire composé de gendarmes et de policiers a donc été déployé pour contenir les manifestants.
Yopougon, quartier le plus populaire d’Abidjan avec plus d’un million d’habitants, est le fief de l’ex-président Laurent Gbagbo, connu pour être le plus contestataire vis-à-vis du président ivoirien, Alassane Ouattara.
“Des hommes armés de machettes sortis de deux gbakas ont attaqué les manifestants”
On nous a envoyés dans un secteur du quartier où nous avons trouvé des barricades et quelques jeunes gens qui scandaient des slogans contre le troisième mandat. Ils n’étaient pas armés. […] Alors que nous tentions de dégager les routes, deux gbakas, un vert et un jaune, remplis de jeunes hommes, et une moto, sont arrivés. Des dizaines d’hommes, dont certains étaient armés de machettes et de gros bâtons, sont sortis des véhicules. Ils étaient plus nombreux que les manifestants. […] Les deux hommes sur la moto se sont approchés de notre chef et ensuite le groupe d’hommes est entré dans le quartier et a commencé à chasser les manifestants
Ces évènements, qui se seraient déroulés sous le regard passif des hommes en uniforme, ont interpellé le policier cité par Amnesty International : “Nous avons été choqués quand nous avons compris que leur présence n’était pas fortuite. Quelqu’un les a apparemment informés des secteurs où les forces de sécurité intervenaient” confie la source policière, qui dit par ailleurs avoir entendu certains de ses collègues raconter comment des hommes armés avaient “aidé” la police à disperser des manifestants dans d’autres quartiers d’Abidjan.
Ce récit fait écho à trois vidéos diffusées et partagées massivement sur les réseaux sociaux et qui montrent un “gbaka vert” dont le rôle assez trouble pendant les manifestations questionne. Selon plusieurs internautes, ce minibus vert aurait transporté des hommes armés de machettes pour agresser les manifestants dans différents endroits de Yopougon.
Une première vidéo publiée le 13 août, et vue plus de 80 000 fois, montre le minibus vert et une voiture de type SUV desquels sortent brusquement des individus, pour certains munis de machettes pour disperser des manifestants devant une barricade en flamme…lire la suite sur https://observers.france24.com.