La résidence d’Henri Konan Bédié, chef de l’opposition en Côte d’Ivoire, a été encerclée ce mardi par une centaine d’hommes des forces de l’ordre. Ce dernier n’a pas reconnu la réélection du président Alassane Ouattara et s’apprêtait à donner une conférence de presse pour former « un gouvernement de transition ».
Les forces de l’ordre, n’ont pas pénétré dans la résidence de cet ancien chef de l’Etat, mais ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les journalistes et les militants et ainsi empêcher la tenue de cette conférence de presse. A l’intérieur de la demeure, les hommes chargés de la sécurité de Bédié ont sorti des Kalachnikovs pour se préparer à le défendre.
Le gouvernement accuse l’opposition de « complot contre l’autorité de l’Etat »
Une heure plus tôt, le gouvernement a accusé l’opposition de « complot contre l’autorité de l’Etat » et indiqué avoir saisi la justice, « afin que soient traduits devant les tribunaux les auteurs et les complices de ces infractions ». « Cette déclaration (de l’opposition sur la “transition”) ainsi que les violences perpétrées suite au boycott actif, constituent des actes d’attentat et de complot contre l’autorité de l’Etat et l’intégrité du territoire national », a déclaré le ministre de la justice Sansan Kambilé lors d’une conférence de presse.
Interrogé sur une possible arrestation des leaders de l’opposition, Sansan Kambilé a répondu : « Toutes les options sont sur la table. Il (le procureur) pourra envisager sereinement toutes les options à sa disposition ».
Un scrutin boycotté
Alassane Ouattara, 78 ans, vient d’obtenir un troisième mandat présidentiel de cinq ans en Côte d’Ivoire avec 94,27 % des voix au premier tour. Son élection, dont les résultats ont été proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI) ce mardi, est controversée, l’opposition ayant boycotté le scrutin. Le processus électoral a donné lieu à des violences meurtrières. Une quarantaine de personnes ont été tuées depuis le mois d’août, dont au moins neuf depuis le vote samedi.
Lundi soir, des détonations provoquées par des individus non identifiés, qui n’ont fait aucun blessé, avaient résonné devant les domiciles à Abidjan de quatre leaders de l’opposition, dont celui d’Henri Konan Bédié.
Crainte d’une escalade de violence
Elu en 2010, réélu en 2015, Alassane Ouattara avait annoncé en mars qu’il renonçait à une nouvelle candidature, avant de changer d’avis en août, à la suite du décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. La loi fondamentale ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’avec la nouvelle Constitution adoptée en 2016, le compteur des mandats présidentiels a été remis à zéro. Ce que l’opposition conteste.
La présidentielle s’est déroulée dans un climat de tension, et la crainte d’une escalade de violence est toujours présente, dix ans après la crise qui avait suivi la présidentielle de 2010, faisant 3.000 morts, à la suite du refus du président Laurent Gbagbo qui était au pouvoir depuis 2000, de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara.
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