La mission de médiation sollicitée par la conférence épiscopale du Bénin pour la résolution de la crise politique ne sera pas une partie de plaisir pour le clergé catholique même si les parties prenantes acceptaient la main tendue de ces derniers. Et pour cause, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la crise politique actuelle est tellement profonde qu’il faut une bonne dose de volonté, de sincérité et d’ouverture pour arriver à un accord qui puisse satisfaire tout le monde.
Face à la situation post-électorale que traverse le Bénin, la conférence épiscopale a proposé sa médiation pour un retour à la paix. Une offre qui a tout l’air d’une mission impossible pour l’Eglise car les faits, gestes et propos prouvent que les différentes antagonistes de la crise ne sont pas disposées à discuter. En effet, depuis le dernier message du chef de l’Etat, message au cours duquel il a tendu la main à ses adversaires politiques les invitants au dialogue, tous les actes qui sont posés de part et d’autre et tous les propos accusatoires qui sont véhiculés par les différents camps ne donnent aucun gage d’un dialogue sincère.
L’impartialité de la conférence épiscopale du Bénin remise en cause
Vu la profondeur de la crise politique qui secoue le Bénin, il serait illusoire que mouvance et opposition se mettent sur une même table de négociation et prendre langue en toute franchise et sans volonté de tirer le drap chacun de son côté. Le moins qu’on puisse imaginer est l’accompagnement d’une partie neutre qui puisse concilier les velléités de domination des deux parties. Le premier défi à relever donc est dans le choix de cette personnalité ou institution neutre à même de conduire les pourparlers.
Dans la situation sociopolitique actuel où presque toutes les autorités morales, personnalités publiques et institutions se sont compromises, le choix d’un médiateur pour conduire le dialogue est d’abord en soi un défi. C’est dans ce contexte que la conférence épiscopale du Bénin offre sa médiation pour une recherche de consensus entre les parties antagonistes. Mais depuis quelques jours, des publications notamment sur les réseaux sociaux, remettent en cause l’impartialité du clergé béninois.
Pour les défenseurs de cette thèse, la conférence épiscopale dans son dernier message n’a pas donné les gages d’une médiation impartiale d’autant plus qu’elle a évoqué le retour de tous les exilés au bercail comme si le Bénin n’était plus un pays de droit. « Que ferons-nous alors de la loi ? », s’interrogent ces derniers qui doutent fortement de l’impartialité de la conférence épiscopale.
Les préalables de l’opposition, un obstacle au dialogue
Après avoir convaincu de sa détermination à conduire les discussions avec impartialité, la conférence épiscopale doit trouver également la formule pour faire participer l’opposition aux échanges. En effet, bien que n’état pas fermée à l’idée de discussion, les forces de l’opposition imposent des préalables pour leur participation à tout dialogue.
Le premier est l’annulation des élections du dimanche 28 avril 2019. Ce préalable à lui seul pourrait constituer un blocage au dialogue car nul n’est besoin d’être devin pour savoir que la partie adverse ne cédera pas à cette requête.
Des pyromanes-pompiers au sein de la « Rupture »
Le contexte de rage qui prévaut actuellement et qui est caractérisé par des comportement qui ne contribuent pas à la recherche de la paix constituent également des obstacles à une éventuelle médiation de la conférence épiscopale. L’un de ses actes est le maintien en résidence surveillée de l’ancien président de la République et membre influent de l’opposition, Thomas Boni Yayi.
Aussi, la rage qui s’abat actuellement sur le président-Maire Nicéphore Soglo à travers des publications tous azimuts depuis sa déclaration sur les démarches menées dans la sous région pour le retour de l’Etat de droit dans son pays, et souvent par des personnalités insoupçonnables, ne sont pas de nature à créer un environnement favorable aux échanges.
L’amour du pays au delà des passions
En somme, la proposition de la Conférence Episcopale du Bénin à l’issue de sa session plénière ordinaire des 21, 22 et 23 mai 2019 ne peut pas mieux tomber en cette période politique difficile. De plus, elle fait extraordinairement écho à la main tendue faite par le Président Patrice Talon lors de son adresse à la nation le 20 mai 2019.
Mais pour que la proposition d’ une rencontre de toutes les forces politiques du pays pour des « échanges directs, francs et constructifs au profit de notre bien commun, le Bénin » puisse tenir, il faudra la bonne volonté des parties prenantes et leur disposition à faire de grandes concessions pour un nouveau départ dans la paix. L’esprit de sacrifice et l’amour de la patrie doit donc prendre le dessus sur toute autre considération.