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Comment Alexeï Navalny est devenu le symbole de l’opposition à Vladimir Poutine

L’avocat de 44 ans, militant anticorruption, est l’un des seuls à tenir encore tête au tout-puissant président russe. Qui fait tout pour entraver son action et limiter son influence auprès de l’opinion publique.

Il lui dessine un cœur du bout du doigt sur la vitre du box des accusés. Ioulia Navalnaïa ne sait pas quand elle pourra à nouveau serrer son mari dans ses bras. L’opposant russe Alexeï Navalny vient d’être condamné à deux ans et demi de prison, mardi 2 février. Reconnu coupable d’avoir violé son assignation à résidence alors qu’il était soigné en Allemagne après son empoisonnement l’été dernier, il est une nouvelle fois victime d’un procès politique.

Privé de candidature lors de la dernière élection présidentielle, persona non grata dans les médias, il a pourtant su s’imposer comme la principale figure de la lutte contre le pouvoir russe. Comment cet homme de 44 ans est-il devenu l’adversaire numéro un au Kremlin, jusqu’à inquiéter Vladimir Poutine ?

Un blogueur anticorruption

C’est avec son blog*, lancé en 2006, que cet avocat de formation entame sa croisade contre le régime et se fait connaître. Son credo ? La lutte anticorruption. Avec un objectif précis : dévoiler l’ampleur de la corruption qui gangrène le pays et les élites en révélant des affaires dans le secteur clé de l’énergie. Parmi elles, le dossier Transneft, dans lequel les dirigeants de ce géant de l’industrie pétrolière russe se seraient enrichis de plus de 3 milliards d’euros. “Son site lui a servi de tremplin pour s’imposer dans le paysage de l’opposition”, explique Carole Grimaud Potter, professeure en géopolitique de la Russie à l’université de Montpellier.

Ces révélations lui permettent de se faire un nom en Russie comme à l’étranger. Mais il faut attendre 2011, lors des élections législatives, pour que l’enfant de la banlieue de Moscou devienne une figure de premier plan. Le Kremlin est alors occupé par Dmitri Medvedev mais le pays reste piloté par un Vladimir Poutine devenu, l’espace d’un temps, Premier ministre. L’avocat arrive avec une stratégie bien huilée : le “vote intelligent”. Pour contourner le manque de pluralisme, il invite les opposants au régime à voter pour les autres candidats, qu’importent leurs idées. Le but : faire baisser le score de Russie Unie. Une stratégie payante. Si le parti présidentiel s’impose, il perd pas moins de 77 sièges à la Douma, un quart de son effectif à la chambre basse du Parlement.

Dans le même temps, des milliers de Russes descendent dans la rue pour dénoncer des résultats frauduleux. Figure de proue de ce mouvement de contestation, Alexeï Navalny est arrêté et passe quinze jours en prison. Un séjour qui ne le refroidit pas (comme le montre ce reportage de France 2, tourné en décembre 2011).

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